Mireille Buscaglia
Altra
devient
On partage la dérive
hors du désastre
de la domination
– Qui ça on ? Même pas une photo de la dérivante ?
– On n'est personne. Une disparue. Et pourtant nous voilà !
– Hors de la domination ? Un bien... Qui tourne mal... Fatalité.
– Sans doute. Mais si la dérive dépassait le géant désastre ?
On vous montre un bout de notre bateau, le vôtre aussi, dans ce monde en grand chavirement, où il est question de fuir en fusée pour installer l'élite robotisée dans l'espace privé d'air vif.
Sur terre la destinée prend l'eau, ça se voit tout de suite. Elle nous fait voyager dans les clartés mouvantes et dans l'obscur, mais pas dans un ailleurs à la mesure des têtes à profit, propulsées par des lumières despotiques.
On lâche l'invention du futur.
On ne s'amarre plus au spectaculaire.
Tombe la nuit. Heure incertaine. Départ.
Ombres qui montez à bord, on compte sur vous pour le souffle dans la voile. Vous ne serez pas capitaine, pas plus que nous, car le voyage, oui c'est absurde, le voyage en vérité, le voyage dépend de la confiance dans l'imprévisible et dans la liberté qu'il transmet à la voile, par tous les temps, aimables, cruels, avec ou sans vent.
On n'en revient pas mais c'est le courage d'être en déroute qui emporte au large de la culture de la domination. Pas de quoi se vanter. La voile où frémit l'inconnu risque toujours d'être ramenée aux proportions d'un mouchoir, vite empaqueté, vite sorti, vite jeté.
Quoi qu'il arrive, on salue la vie en souffrance
En révolte, en éclairs de joie :
Une insaisissable.
Car c'est de vivre, oui, de chercher à vivre dans l'élan désespéré hors de la domination, dont les prouesses fascinent et rendent l'esprit docile aux évidences protectrices, justifiant l'appropriation, la division, la fierté guerrière, la lâcheté, la tromperie, c'est de vivre personnellement l'urgence et la détresse de la pensée face aux triomphants artifices de l'intelligence, à l'innovante fureur des images, au crépitement des mots, c'est de vivre qui met réellement à l'épreuve et c'est de vivre qui partage le plus intime de la solitude.
C'est de vivre qui dérive à la rencontre
D'un simple et renversant
Renouvellement.
Une immobilité en partance :
embarquement dans les livres
Publications Mireille Buscaglia éditions de L'Âge d'Homme
Le tourment et l'infini
poèmes, 61 p. (1978)
Être est un précipice...
Eurydice
poème, 162 p. (1984)
L'histoire d'une Eurydice assez vaillamment folle pour qu'Orphée ne se retourne pas.
Sève
Une tout autre histoire de croissance
...une histoire à plusieurs visages, des blancs, des noirs, qui voyagent comme la sève en aller-retour entre la force de l'enracinement et la périlleuse fragilité de la cime. Rencontre de destins en clair-obscur, au fuyant avenir, le livre avance à travers la maison, la ville, le paysage, le corps, la pensée dont la croissance en forme d'arbre a horreur des murs. Les murs ont cependant les meilleures raisons du monde pour s'imposer...
393 p. (2012)
Avec les trois premiers livres on a encore une identité repérable. On s'appelle Mireille Buscaglia. On est citoyenne de Genève, deux siècles après Rousseau. Par libre instinct de résistance on s'insurge contre l'inégalité, l'injustice, la guerre. On manifeste dans la rue en ébullition. On enseigne trois quatre ans. On publie quelques articles autour de l'art. Ce qu'on cherche continue à nous échapper. On devient mère. Amplifiée de vie et dépassée. Mais le père ? L'autre vivant... Il a de la peine à se libérer du haut piédestal qui le contraint à la domination...
Assombrissement. Est-ce qu'un nouveau monde peut s'ouvrir entre les êtres abandonnés à une croissante perplexité ? Ou est-ce que les peurs et parades vont réussir à tout anéantir ? On ne voit plus clair... Et comment vivre si la vie n'éclaire pas ?
Soudain la foudre.
La vie part en torche.
Cœur noirci. Désastre intérieur.
Dehors ? Partout le froid des murs.
Alors s'ouvre la fissure à peine consciente : la nécessité d'écrire. D'être travaillée dans l'opacité par une lueur... Laquelle ? On ne sait pas. On écrit comme une morte qui ne se satisfait pas d'être ensevelie mais ne consent pas aux marches à suivre pour exister sous les lumières qui en imposent au monde entier.
On est menée, menée comme les autres vies dont l'élan libérateur ne se confond pas avec l'illusion de domination, on est menée au fil d'une nostalgie et d'une errance humaines dont l'envergure, depuis la nuit des temps, anime le lien avec l'univers, l'étonnement créateur, l'accord impossible à forcer.
On voit maintenant les livres prendre corps par amicale compétence pratique, à l'origine de l'Édition La lampe-tempête, à Paris. On porte un nouveau nom, en écho à l'adjectif italien qui signifie autre, au féminin singulier :
Altra
Avec les trois premiers livres on a encore une identité repérable. On s'appelle Mireille Buscaglia. On est citoyenne de Genève, deux siècles après Rousseau. Par libre instinct de résistance on s'insurge contre l'inégalité, l'injustice, la guerre. On manifeste dans la rue en ébullition. On enseigne trois quatre ans. On publie quelques articles autour de l'art. Ce qu'on cherche continue à nous échapper. On devient mère. Amplifiée de vie et dépassée. Mais le père ? L'autre vivant... Il a de la peine à se libérer du haut piédestal qui le contraint à la domination...
Assombrissement. Est-ce qu'un nouveau monde peut s'ouvrir entre les êtres abandonnés à une croissante perplexité ? Ou est-ce que les peurs et parades vont réussir à tout anéantir ? On ne voit plus clair... Et comment vivre si la vie n'éclaire pas ?
Soudain la foudre.
La vie part en torche.
Cœur noirci. Désastre intérieur.
Dehors ? Partout le froid des murs.
Alors s'ouvre la fissure à peine consciente : la nécessité d'écrire. D'être travaillée dans l'opacité par une lueur... Laquelle ? On ne sait pas. On écrit comme une morte qui ne se satisfait pas d'être ensevelie mais ne consent pas aux marches à suivre pour exister sous les lumières qui en imposent au monde entier.
On est menée, menée comme les autres vies dont l'élan libérateur ne se confond pas avec l'illusion de domination, on est menée au fil d'une nostalgie et d'une errance humaines dont l'envergure, depuis l'enfance des temps qu'éveille une ardeur inquiète, anime le lien avec l'univers, l'étonnement créateur, l'accord impossible à forcer.
On voit maintenant les livres prendre corps par amicale compétence pratique, à l'origine de l'Édition La lampe-tempête, à Paris (lalampetempete@orange.fr). On porte un nouveau nom, en écho à l'adjectif italien qui signifie autre, au féminin singulier :
Publications sous le nom d'Altra éditions La lampe-tempête
L'énigme des circonstances
récit, 367 p. (2016)
On part à la recherche d'une lumière, d'un intense amour, d'une liberté nouvelle... et on se retrouve dans une cabine solitaire à bord du vieux navire en route pour la tempête et la disparition. Quel sens a ce voyage ?
Sans point final
roman, 162 p. (2017)
Une histoire d'amour.
On croyait savoir que toutes ces histoires-là ont une fin !
On avait raison. On se trompait. L'étonnement reste en vie.
Feu-Flamme
roman, 195 p. (2018)
Face à tous les Importants qui d'une façon ou de l'autre ont pris possession de l'île où la narratrice a débarqué sans l'avoir voulu, que va devenir l'étrange Feu-Flamme, dont l'esprit foudroyé libère l'élan vers la conscience ?
Hors miroir
roman, 96 p. (2019)
Ce qui lui tient au corps
À cette femme c’est le désir
D’arc-en-ciel
Vaillance
On a choisi, obscure, la maison risquée
Où la fissure de l'insaisissable
Libère le vivant éclair
De la chute
un testament, 177 p. (2021)
et autres nouvelles d'un autre monde
De l'air ! De l'air ! Que tout chancelle !
Car ce n'est pas la fissure qui abîme
Et ce n'est pas la mort qui anéantit
Mais l'enfer de la survie docile
À l'emprise des dominations.
De l'air ! De l'air ! Et que s'anime
Un autre monde, réel, insaisissable.
nouvelles 135p. (2022)
De l’air ! De l’air !
De la déroute renaît la voix
Étrangère à l’atavique
Attraction de la domination…
nouvelles 125p. (2024)
On accouche
de la vieille
déroute
Renversant accord
En toi silence dépassons nos prouesses
De machines à dominer
En toi silence dépassons nos frénésies
De foules soumises aux éblouissements
Et cris de guerre sous les lumières captives
En toi silence dépassons l'espoir
De conjurer la chute du soleil mort
En toi silence... Oh ! silence...
Mais de quelle terre meurtrie ?
Et sous quel ciel plombé ?
Un colossal fortin ensevelit la pensée
Quelle ombre vacillera vers l'éveil
Égarée à la rencontre du précipice
D'être en vie ? Oh ! que renaisse la transe
Des corps dans le clair-obscur du silence
Qui n'impose pas silence à la conscience...
Foudroyante Oh ! ni à l'errance de la parole
En détresse en travail en renversant accord
Avec l'enfantement de la nuit
La nuit la rebelle ailée de tempêtes
La nuit aux frêles étoiles insaisissables
© image : Bateau, sculpture de René Küng, 1978